Les nouvelles aventures de Lapinot Tome 7, de Lewis Trondheim

Les nouvelles aventures de Lapinot : mais c’est un bouquin pour les enfants, non ?

Alors non, malgré son titre, cette série est bien pour tous, voire même plutôt pour les grands. Lapinot est apparu fin 1992, dans un long récit intitulé « Lapinot et les carottes de Patagonie ». L’auteur, au nom improbable de Lewis Trondheim, est un conteur né, mais qui avouait lui-même ne pas savoir dessiner. Bref, pour s’entraîner (?), se prouver qu’il en était capable (?), ou pour une raison qui lui restera propre, il se lança dans un ouvrage de 500 pages, 12 cases par page, tracées à main levée. Son héros, un lapin un peu naïf, rêveur et moraliste était né, vivant des aventures improbables dans un monde mêlant fantastique et réalité, les humains y étant remplacés par des animaux (hommage à Carl Barks, le créateur de Picsou).

S’en suivirent 10 tomes des « formidables aventures de Lapinot », pleines d’originalité. Ainsi, il existe un tome 0, à lire absolument pour tous ceux qui sont un jour partis au ski entre potes. Et le tome 9, « l’accélérateur atomique », hommage à Spirou est sorti avant le magnifique 8ème opus, « La vie comme elle vient » qui clôt magistralement la série. Le principe est également très original, puisque l’on retrouve les mêmes personnages (Lapinot, Richard le chat, Titi le chien, Pierrot la souris, ainsi parfois que leurs petites amies), mais dans des mondes et époques différentes : Slaloms, Pichenettes, Pour de vrai (…) dans un monde contemporain, Blacktown au Far West, Vacances de printemps dans l’Angleterre du XIXème, Walter au début du XXème siècle, bercé de références chtulhuesques. Il existe aussi un hors série médiéval, « Mildiou », ainsi qu’un récit sur l’enfance des personnages, « Le crabar de Mammouth ».

Lapinot7
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Les mêmes personnages, sauf Lapinot, se retrouvent également dans les 4 tomes des « Formidables aventures sans Lapinot », orienté cyber et jeux vidéos, dont il faut absolument lire au moins le dernier volume, « Top Ouf ! ».

Le dernier tome des Formidables aventures de Lapinot est paru en 2004, puis Lewis s’arrêta un temps de dessiner, avant de reprendre dans un genre très différents : « les carnets de bord », « Désœuvré », ainsi que « les petits riens », autobiographiques, quelques one-shots (« Île Bourbon 1730 », « Capharnaüm ») et surtout la série des Ralph Azam.

Et soudain, en 2017 : un nouveau Lapinot ! Inattendu et brillant, « Un monde un peu meilleur » est alternatif à la clôture du premier cycle tout en inaugurant « Les nouvelles aventures de Lapinot ». J’avais eu la chance de rencontrer et de discuter avec l’auteur quelques temps après (à Munich), et il me dit alors avoir déjà 4 ou 5 tomes scénarisés. Ce n’était donc par un album isolé (pour ma plus grande joie).

Midi à quatorze heures, déjà le tome 7

En quatre ans 7 tomes ?! Pas tout à fait, puisque le tome 6 ne sortira qu’en 2022. L’originalité continue et s’était déjà affichée au travers du tome 2, « Les herbes folles », sans aucun texte, en mini format de 365 pages.

La recette fonctionne toujours aussi bien, mise en situations cocasses dénonçant les tracasseries du quotidien, les incompréhensions entre petites amies et meilleur copain, l’égoïsme latent, etc.

Lapinot n’est lui-même pas exempt de défaut, et sa nouvelle relation amoureuse lui plait autant qu’elle l’inquiète, le faisant tomber dans de petits lâchetés. S’il reste le moralisateur, il est parfois bloqué par la parole donnée qui lui fait se tromper dans sa prise de position. Richard, son meilleur ami est plus cynique, dit ce qu’il pense et, malgré ses nombreux défauts, on adorerait l’avoir comme pote.

L’album est encore une fois une belle tranche de vie, une réflexion sur le couple, l’amitié, mais également sur le sens politique de nos vies, sur le choix improbable entre baisser les bras ou recourir à des extrêmes que l’on désapprouve.

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Notre recommandation

Pour ceux qui n’on jamais lu de Lapinot, il est préférable de commencer au moins par le tome 1 des nouvelles aventures « Un monde un peu meilleur », d’enchaîner avec le 3, « Prosélytisme et morts-vivants », tous deux excellents, le 4, « Un peu d’amour », recueil de strips, très bon, et le 5, « L’apocalypse joyeuse », que j’apprécie moins cependant. Mais les relations entre les personnages évoluent, donc ne pas les lire avant le tome 7 est un peu dommage et nuit à la compréhension. Lire la première série avant celle-ci n’est pas nécessaire, mais la lire tout court ne peut que vous faire du bien !

Quant à « Midi à Quatorze heures », c’est un bon cru, surtout pour ce qui est des rapports entre les personnages et de la manière de croquer notre quotidien. Il insiste particulièrement sur la maladresse involontaire de la nouvelle petite amie de Lapinot, au travers de ses questions de ses réactions, comiques ou douces amères (la scène du supermarché, le dîner chez l’oncle, etc.), mais sans tomber dans l’excès. Richard est lui aussi au sommet encore une fois, et souvent bien plus intéressant ou réel que le héros lui-même. Je suis un peu moins convaincu par l’histoire sous-jacente (il y a en toujours une), mais elle reste dans le ton, sans être trop improbable.

Donc je recommande cette lecture pour passer un bon ou très bon moment…

Détails

  • Éditeur : L’association
  • Nombre de tomes : 7/7
  • Parution : Aout 2021
  • Scénario, dessins et couleurs : Lewis Trondheim

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