Monsieur Désire ? de Hubert et Virginie Augustin

De l’art d’être inconstant

Édouard s’ennuie. Dandy victorien comblé, multipliant les frasques amoureuses ou éthyliques pour choquer son entourage, Édouard peine de plus en plus à trouver un “sein” auquel se vouer. Blasé, cynique, fatigué, il multiplie les nuits de débauche à la recherche d’un élément susceptible de combler le vide abyssal de son existence.

De retour d’une soirée mouvementée, Édouard ensanglantée, croise Lisbeth, une jeune servante qui le soigne et l’aide à se mettre au lit. Dès ce moment, Édouard exige que ce soit Lisbeth qui gère ses retours de débauche, provoquant jalousies et perturbations dans l’ordre bien établi du personnel de maison.

Pas le moins du monde impressionnée par les histoires sordides de son dandy de maître, Lisbeth est patiente et dévouée en toutes circonstances. Au fil des aventures nocturnes, elle passe ses nuits à l’écouter patiemment et à compatir sincèrement à son spleen existentiel. Une étrange complicité finit par se développer et la servante devient confidente.

Dans cette joute étonnante sut la tentation entre le bien et le mal, l’histoire finit par s’emballer lorsque la mère d’Édouard, veuve désargentée finit par s’en mêler.

 

monsieur-desire
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L’avis de Bdlire

Même si le scénario et la mise en scène peuvent rappeler ceux de Downton Abbey avec un vrai souci du détail historique, le propos est tout autre, plus proche de l’essai psychologique de la satire sociale d’une époque révolue. C’est avant tout un album de dialogues, une longue séance de psychanalyse entre 2 personnages avec quelques flashbacks.

Au premier contact les personnages se révèlent superficiels. Mais au fil des pages Édouard et Lisbeth finissent par révéler un caractère complexe tant est si bien que l’on ne sait plus très bien à la fin qui est le maître et qui le serviteur. Le seul reproche du scénario est peut-être sa fin un peu rapide qui aurait mérité quelques pages de plus.

Graphiquement, le travail de documentation réalisé est impressionnant, tant on a l’impression de se retrouver à chaque case en plein Londres du 19eme siècle entre salons luxueux et bas fonds typiques de Gustave Doré. Le style du trait est proche de la ligne claire avec un travail intéressant sur les noirs et les hachures pour la mise en relief des aplats.

La densité de case est très impressionnante sur certaines pages (12 cases sur certaines planches) pour renforcer l’idée d’un temps qui s’écoule lentement, dans une ambiance posée, d’un dialogue.

 

Pourquoi vous allez aimer ou pas

Un très beau scénario magnifiquement mis en image par les auteurs de Peau d’Homme et Joe la Pirate. Un vrai coup de cœur.

Détails

  • Éditeur : Glénat
  • Nombre de tomes : 1
  • Parution : Septembre 2016
  • Scénario : Hubert
  • Dessins : Virginie Augustin

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