“East of West” de Jonathan Hickman et Nick Dragotta

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On choisit pas sa famille !

Tenter de résumer l’uchronie East Of West se révèle particulièrement ardu, tant les auteurs convoquent mythes et histoires américaines dans leur récit. L’histoire est biblique, le texte religieux par excellence des Etats-Unis, une sorte de synthèse entre les 4 cavaliers de l’apocalypse du nouveau testament et les 12 tribus, pardon les 7 tribus d’Amérique qui sont comme chacun le sait, l’Union, la Confédération, le Texas,  la Nation infinie (les natifs), le Royaume (afro-américains), l’Armistice et la République Populaire d’Asie. 

Et ce n’est que le point de départ de l’histoire..

Donc, si vous passez le premier chapitre, qui est un cours d’histoire américaine très bien fait, vous vous retrouvez ensuite projeté au cœur de décors qui alternent mégalopoles japonaises futuristes et grands espaces sauvages et désertiques, dans une histoire de famille compliquée.

Le point de départ de l’uchronie est un phénomène inexpliqué qui met fin à la guerre de Sécession, façon météorite géante qui rabat les cartes technologiques. En l’occurrence, dans ce futur, ce sont les indiens qui inventent Internet. Au lieu dit de l’Armistice, 7 nations américaines signent un traité de paix et partent pour deux siècles de guerre froide brutale où tous les coups sont permis.

Au bout de cette période, apparaissent les 3 cavaliers de l’Apocalypse qui partent aussitôt à la recherche du cavalier manquant. Parallèlement, un tueur pâle flanqué de deux magiciens indiens entame sa traversée du désert à la recherche de sa femme et de son fils. Chacune de ses rencontres est ponctué d’un violent gunfight, dans la pure tradition du western hollywoodien.

Ce premier tome aborde des thèmes importants, comme l’abandon familial, la chirurgie du bras au sabre laser, le complot dans le complot lui même dans le complot, le poids de l’héritage, Marx, l’intelligence artificielle, la damnation éternelle et la lutte pour le pouvoir…

Bref, on ne s’ennuie pas, c’est même plutôt l’inverse. 

L’avis de Bdlire

416 pages, c’est peu dire que le récit biblique d’East and West est foisonnant. Visuellement, nous sommes dans une Mēga-production cinématographique américaine, façon  Naissance d’une nation de D. W. Griffith. Raconter l’Apocalypse ne peut être que cataclysmique et entraîner des nations dans la bataille. De ce point de vue, c’est particulièrement réussi avec une débauche visuelle exceptionnelle, tant du point de vue des perspectives futuristes (inspirées du Manga Blame! de Tsutomu Nihei) que des affrontements ultra violents entre les protagonistes. Le futur est technologique et sauvage. Le dessin est splendide, vraiment magnifié par le travail incroyable sur la couleur de Franck Martin.

En ce qui concerne l’histoire, comment dire, c’est étonnamment intimiste. C’est une succession d’arrêts sur image entre deux tempêtes. Chaque scène permet au héros mort (mort c’est son prénom, comme Juste. Son prénom c’est Juste) de raconter son histoire familiale tragique et aux autres protagonistes de s’affronter de manière aussi mortelle que feutrée. House of Cards avec un air lancinant à l’harmonica, je vous dis.

Difficile de dire si l’histoire est intéressante, tant elle part dans tous les sens et ne correspond pas du tout aux ressorts des intrigues de ce côté de l’Atlantique. Si on cherche des points de comparaison en dehors d’Akira, on peut en trouver dans l’Homme des hautes plaines, le premier western réalisé par Clint Eastwood ou même il était une fois dans l’Ouest pour le côté vengeance. Mais comme on passe plutôt un excellent moment à suivre les pas de Mort, la vraisemblance après tout, ce n’est pas un critère esthétique important.

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Pourquoi vous allez aimer ou pas

Si vous ne trouvez plus rien du même niveau qu’Akira, si vous êtes féru d’histoire américaine et si récemment vous avez aimé House of cards, cet album est fait pour vous. Pour les autres, ca serait étonnant que vous ne trouviez pas quand même quelque chose à vous mettre sous la dent au long de 416 pages du récit.

Détails

  • Éditeur : Urban Comics
  • Nombre de tomes : 1/3
  • Parution : Mars 2021
  • Scénario : Jonathan Hickman
  • Dessin : Nick Dragotta
  • Couleurs : Franck Martin

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