Le discours de la panthère de Jérémie Moreau

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Il était une fois…

(Toutes les belles fables commencent pas un il était une fois) au royaume des animaux, un buffle qui s’épuisait à pousser de la tête une montagne pour éviter qu’elle ne soit détruite pas une météorite. Intrigué, le varan s’approche et touché par le récit du Buffle décide de l’aider à accomplir son travail de Titan. C’est par cette étonnante introduction que s’ouvre un magnifique dialogue de bêtes au sein d’une création dans laquelle l’homme n’a pas encore fait son entrée fracassante.

Chacun est à sa place dans un ensemble de mini récits qui se répondent au fur et à mesure de la progression dans le grand arbre des espèces. On croise l’autruche qui hésite à sortir la tête du sol, les oiseaux qui composent une mélodie sur le rhinocéros, l’éléphant qui a des problèmes de mémoire, un bernard-l’hermite qui cherche un logement confortable, une famille de singes et la panthère noire, le plus sage de tous les animaux, la mémoire de la création. Toutes ces espèces se croisent et racontent une histoire de la Terre, une histoire universelle de relations compliquées entre voisins qui partagent le même espace vital.

Chaque animal s’exprime, dialogue, philosophe, détenteur d’un petit bout d’une immense histoire collective qui s’enrichit, est souvent remise en question, bref évolue en permanence… 

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La morale de cette fable

Encore un très grand album avec une histoire singulière de Jérémie Moreau, lauréat du fauve d’or à Angoulème en 2018 avec la magnifique saga de Grimr que l’on avait déjà adorée chez Bdlire. L’histoire est un magnifique conte naturaliste dans lequel l’auteur imagine une fable intelligente avec comme point de départ plusieurs expressions populaires comme la mémoire de l’éléphant ou l’autruche et sa curieuse habitude à cacher sa tête dans le sol. C’est superbement imaginatif. Dans cette débauche de créativité, Jérémie Moreua n’oublie pas de payer tribu notamment au maître du genre, Rudyard Kipling dont l’inoubliable panthère noire est bie, celle par qui le fameux discours arrive pour clôturer avec brio ce chef d’œuvre. Le récit traite avec finesse et malice de l’existantialisme, du choix des espèces et des conséquences qu’entraînent les actes individuels. 

Graphiquement, l’album est conçu comme un bel objet esthétique depuis la couverture jusqu’au choix du format. Réalisé en numérique, il regorge de paysages lumineux et d’animaux dessinés de manière particulièrement fine. Je ne sais pas si c’est volontaire, mais le dessin rappelle le style de jean de Brunhoff, le dessinateur du plus célèbre pachyderme de la bande dessinée.

Un véritable chef d’œuvre, à lire absolument !

Pourquoi vous allez aimer ou pas

Parce que c’est un conte magnifique, une magnifique histoire écologique avec une belle morale digne d’Esope, du roman de Renard ou de la Fontaine.

Détails

  • Éditeur : 2024
  • Nombre de tomes : 1
  • Parution : Octobre 2020
  • Scénario, dessin et couleurs : Jérémie MOREAU

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