Après le temps des défricheurs du siècle précédent, ceux qui comme Jean Giraud aka Moebius ou Jean Claude Mézières nous ont fait rêver à mille planètes fabuleuses, il est temps de s’intéresser à la relève.
Avec une accélération sans fin du rythme des découvertes scientifiques, l’arrivée du nouveau “Metamonde” promis comme le cyber-royaume des cieux par les gourous de la Tech et une apocalypse environnementale qui nous pend au nez selon les prophètes néo animistes, le terreau est riche en histoires à dessiner pour les auteurs de ce siècle.
Donc, loin de renier l’Incal, Universal War One et autre Akira à Nikopol, Bdlire vous propose un classement, pas du tout objectif, des 10 plus belles séries de science fiction, dont le premier tome est paru après 2001, voir même qui sont toujours en cours pour certaines d’entre elles. Dans ce classement, on a décidé de mettre de côté les séries post apocalyptique, genre à part entière, dont on espère bien faire un classement plus tard cette année.
10 – East of west
Jonathan Hickman, Nick Dragotta et Frank Martin (2014)
Une uchronie complètement barrée dans l’Amérique de la guerre de Sécession.
Sur le principe, un phénomène inexpliqué a changé l’histoire de l’Amérique (le principe de toute uchronie), la série propose une vision d’un développement compétitif entre 7 nations avec des systèmes politiques allant des tribus indiennes traditionnelles férues de cybernétique au communisme chinois moderne. Pourquoi pas… Au milieu de cette cocotte minute au bord de l’explosion, 3 des 4 cavaliers de l’apocalypse s’éveillent et partent à la recherche de leur quatrième compère.
Visuellement somptueux, les auteurs nous livrent un réquisitoire sans complaisance sur la violence et la volonté d’hyper puissance de la société américaine. C’est beau comme une ogive nucléaire chromée.
9 – Chronosquad
Giorgio Albertini, Grégory Panaccione et Simon Kansara (2016)
Où le voyage temporel comme objet touristique ultime des personnes fortunées qui s’embêtent après s’être envoyées dans l’espace.
Chronosquad, c’est un peu les bronzés à l’âge du bronze, une œuvre loufoque sur des voyages organisés à différentes époques. Et comme dans toute œuvre de SF sur le voyage temporel, un grain de sable va sortir du sablier dans lequel il avait été conçu pour provoquer une joyeuse pagaille à travers les âges. Dans Chronosquad, nous suivons les traces de Bloch qui vient d’intégrer l’unité Chronosquad en charge de gérer les voyages temporels et qui se voit affecter à un camp de vacance de l’âge de bronze.
Pas facile de réussir une série de science fiction qui mêle à peu près tous les genres à la manière d’un guide de routard galactique et c’est pourtant le pari réussi des auteurs de cette série franchement savoureuse.
8 – Bételgeuse de Leo (2000)
Les mondes d’Aldébaran de LEO, dont Bételgeuse est la seconde série, est devenu un genre de science fiction à lui tout seul, tant la sériée a été copiée et recopiée y compris par l’auteur lui même.
Bételgeuse, comme Aldébaran est une magnifique série d’exploration spatiale. A la suite de la colonisation d’Aldebaran, une expédition scientifique et militaire est lancée vers Bételgeuse. Dans cette série qui a un petit goût d’Avatar, nous suivons les aventures de Kim, une jeune femme qui entretient un lien particulier avec les Iums, une race semi intelligente de la planète.
Comme Aldébaran, Bételgeuse, c’est avant tout une planète qui ressemble à la forêt brésilienne, avec une faune et une flore aussi mystérieuse que merveilleuse. Leo prouve que l’on peut faire l’une des meilleures séries de science fiction sans un recours permanent à de la hard science ou des extra terrestres machiavéliques. Chaque page est à la fois un émerveillement et une inquiétude de tous les instants.
7 – TER
Rodolphe et Christophe Dubois (2017)
TER explore le genre du vaisseau gigantesque perdu dans l’espace, popularisé par Arthur C. Clarke dans Rendez-vous avec Rama.
Ter commence avec Mandor, un inconnu ayant perdu la mémoire et qui échoue sur un village du bord de mer. Doué de facultés étonnantes, notamment pour la mécanique, Mandor finit par devenir une sorte de prophète dans le village qui l’a recueilli, au grand désarroi des prêtres dont il commence à saper l’autorité.
Avec TER, on va de surprise en surprise au fil de pages et ce qui était au départ une histoire de Robinson Crusoé, se révèle petit à petit une fabuleuse épopée spatiale à travers la galaxie.
Visuellement sublime, la série nous fait rêver tout au long des pages, une vraie réussite.
6 – Renaissance
Fred Duval, Fred Blanchard et Emem (2018)
2095, le cataclysme écologique s’est produit et les humains sont plus ou moins retournés à une période préindustrielle. Heureusement pour nous, la fédération interplanétaires des extra-terrestres altruistes débarque et décide de s’occuper de tout le bazar sans nom qu’est devenu la planète.
Malgré des réactions parfois franchement xénophobes, les terriens sont finalement soulagés de voir des personnes pleines de bon sens (et avec la technologie qu’il faut) s’occuper du grand m… planétaire. La série suit le point de vue de plusieurs humains et extra-terrestres engagés dans de vastes chantiers de reconstruction, quoi que…
Renaissance explore un genre pas très souvent abordé en science fiction, celui du jour où la terre s’arrêta où une race extraterrestre vient nous aider à régler nos problèmes. Depuis les années soixante nous sommes passés de problèmes de confrontation géopolitique à des problèmes climatiques, mais le principe reste le même.
Comment l’humanité réagirait elle face à une espèce beaucoup plus intelligente qu’elle ?
5 – Orbital
Sylvain Pellé et Serge Runberg (2006)
La meilleure série de Laureline et Valérian depuis les aentures de Valérian et Laureline.
Dans Orbital, Caleb et Mézoké forment une équipe d’agents spatio (pas temporels) de l’ODI en charge de résoudre les conflits entre planètes et des conflits, il y en a beaucoup. Tous les genres sont traités : meurtres, aliens agressifs, conflit géopolitique, tout ce qu’il faut pour que l’ODI ne chôme pas.
Univers d’une grande richesse, Orbital renoue avec le genre Space opéra, un peu délaissé ces dernières années. La première série est une vraie réussite visuelle et scénaristique.
4 – Aama
Frederik Peeters (2011)
Aâma est un ovni, comme beaucoup de projets sur lequel travaille l’auteur qui remporte haut la main la palme du meilleur monde imaginaire. Aâma raconte l’histoire de Verloc, son frère et de leur garde du corps, un droïde singe qui fume le cigare, en mission d’exploration spatiale sur la planète Ona(ji).
Album difficile à décrire, tant rien n’est véritablement familier dans l’univers proposé par Peeters, Aâma propose avant tout une aventure totalement dépaysante, ce qui est exactement ce que l’on attend du genre de science fiction.
Dans une compétition, il gagnerait la catégorie des inclassables.
3 – Shangri-La, Carbone et Silicium
Mathieu Bablet (2016, 2020)
Même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’une série, les 2 tomes de Mathieu Bablet proposent chacun une vision d’anticipation particulièrement marquante.
Dans Shangri-La, l’humanité vit à bord d’une station spatiale dirigée par une multinationale et se prépare à coloniser Shangri-la, une région de Titan, sorte de nouveau départ. Véritable claque visuelle, Mathieu Bablet nous propose sans aucun doute les images de science fiction les plus belles et les plus troublantes depuis un certain Ridley Scott.
Pour Carbone et Silicium, l’auteur explore les conséquences du développement de l’intelligence artificielle avec les robots Carbone et Silicium, derniers nés des laboratoires Tomorrow Foundation. Avides et curieux de découvrir le monde et les humains, ils finissent par s’échapper de leurs laboratoires et partent chacun de leur côté explorer la Terre en pleine catastrophe climatique.
Qui a dit que les robots ne pouvaient éprouver des émotions ?
2 – Bolchoi Arena
Boulet et Aseyn (2018)
Après Tron, après Matrix, après Player One, on se demandait quand allait arriver une grande série bd sur le métavers. C’est désormais chose faite avec Bolchoi Arena qui explore le genre avec brio en partant des jeux vidéos, représentant le plus crédible en terme de métavers aujourd’hui.
Le bolchoi Arena, c’est l’univers virtuel où l’on peut explorer le cosmos, devenir un chevalier de la table ronde, travailler ou s’informer. Géré comme un MMO (un monde vidéoludique massivement multijoueurs), les explorateurs du BA colonisent l’espace virtuel et développent leur économie. Piquée de curiosité, Marje, à la manière d’Alice au pays des merveilles, décide d’explorer cet univers ou tout est possible quitte à en perdre progressivement le sens des réalités.
L’une des toutes meilleures séries de science fiction de notre classement.
1 – Acriborea
Sylvain Cordurier et Stéphane Créty (2006)
2465, les humains ont essaimé à travers la galaxie, notamment dans le système d’Acriboréa où ils se sont installés depuis 50 ans, d’abord sur la planète Ruivivar, puis désormais sur la planète Hope en pleine colonisation. Les terriens se sont installés en ayant réussi à trouver un compromis avec les natifs, sur le principe échange de place, contre technologie.
Les colons s’apprêtent à accueillir la seconde vague qui mobilise l’attention de tous… y compris celle des natifs de Ruivivar, notamment par le déséquilibre que cela va provoquer entre tous les habitants d’Acriborea.
Un scénario génial, un dessin magnifique, rien de moins que la meilleure série de science fiction de ce classement !
