La Ligne claire est le style de bande dessinée le plus facilement identifiable, c’est le style de Tintin.
Querelle sur les origines
La ligne claire correspond à un style de dessin de l’école belge de bandes dessinées et popularisé par Hergé. Le terme ligne claire a été créé en 1977 par le dessinateur néerlandais Joost SWARTE, précurseur d’un mouvement artistique impulsé par Joost Swarte en 1977 dans lequel une génération d’artistes se sont reconnus depuis les années 1980. Même si son origine est plus ancienne, les spécialistes se querellent chaque année à Angoulême sur la paternité de la technique : héritage des maîtres verriers (ceux des cathédrales), de l’estampe japonaise ou d’un type qui un jour s’est aperçu que c’était super plus simple de faire un dessin en séparant les couleurs avec un trait noir, bref, le mystère (comme dans la grande pyramide) demeure…
A l’époque, cette clarté du trait correspond à une préoccupation de limite technique car la fluidité des encres et la qualité du papier sont encore peu maîtrisées de manière industrielle. Le dessin au trait a l’avantage d’être rapide à exécuter et se prête parfaitement aux exigences de la reproduction. Le relief et la couleur viendront plus tard en BD. Le papa de Tintin dira lui même : “On essaie d’éliminer ce qui est graphiquement accessoire, de styliser le plus possible, de choisir la ligne qui est la plus éclairante”. Et boum on y était, d’un vague argument de limitation on arrivait à le transformer en avantage de compréhension pour le lecteur, marketing quand tu nous tiens…
Avant Hergé, des précurseurs Christophe (Le Sapeur Camenbert), Pinchon (Bécassine) ou Alain Saint-Ogan (Zig et Puce) avait également commencé à populariser ce style.
Les caractéristiques
Les principales caractéristiques du style défini par Hergé lui même sont les suivantes :
- Un trait noir fermé (cerné) d’épaisseur régulière pour tous les éléments du dessin. Un trait simple, extrêmement stylisé pour faire ressortir le décors ou les émotions.
- Des décors réalistes.
- Des couleurs en aplats, sans effet d’ombre ou de lumière et jamais de hachure.
- Des ombres qui ne sont pas jamais représentés pour les personnages, seulement pour les objets.
- Une perspective qui est représentée avec un premier plan extrêmement détaillé et un arrière plan juste esquissé, toujours par un trait régulier.
- Chaque case est entourée d’un trait simple, pas ou peu de débordement.
- Une certaine forme de continuité de plans (pas de changement de plan d’une case à une autre)
- Une forme régulière pour les bulles souvent rectangulaire.
- Une très grande rigueur dans la lisibilité de l’action avec un langage des signes sans équivoque pour le lecteur.
Bien évidemment, Tous les dessinateurs de ligne claire, se sont appropriés ces caractéristiques pour les modifier et définir leur propre style en générant de multiples variantes. Par exemple, Edgar P. Jacobs hachurait son trait pour générer une ombre à ses personnages. Cela est visible dans la case ci-dessous, sous les personnages à gauche.
Ce style deviendra celui d’une génération d’auteurs, souvent collaborateurs de Hergé : Edgar P. Jacobs (Blake et Mortimer), Jacques Martin (Alix), Roger Leloup (Yoko Tsuno) ou encore Bob de Moor (Cori le moussaillon) et bien d’autres encore.
Plus ou moins contestée dans les années soixante-dix, la ligne claire se renouvelle profondément une dizaine d’années plus tard avec des auteurs qui vont en modifier les caractéristiques comme Ted Benoît et son personnage barré de Ray Banana ou encore, Floch, Yves Chaland ou Clerc.